Tu montreras ma tête au peuple, de François-Henri Désérable, Gallimard, mars 2013, 186 pages, Roman, littérature française contemporaine.
Notes liminaires: Ce n’est que par un simple hasard que je suis tombée sur ce livre à la bibliothèque dont je n’avais pas entendu parlé jusqu’à ce que je fasse quelques recherches. Le titre m’a attirée, puis l’âge de l’auteur précisé sur la quatrième de couverture -25 ans, premier bouquin- m’a intriguée, et enfin une citation de mon cher Dickens « It was the best of times, it was the worst of times » A tale of two cities a achevé de séduire ma curiosité et m’a poussée à l’emprunter.
- Mon résumé: Imaginez que nous puissions remonter le temps et partager les derniers moments d’hommes et de femmes, ayant ou non existé, en sachant qu’ils vont mourir sous le « rasoir national ». Quelles sont leurs pensées? Comment abordent-ils la mort? L’auteur s’inspirant de la Révolution française s’est pris au jeu d’imaginer les derniers instants de diverses personnalités. C’est donc à travers dix nouvelles, dans des styles différents, que nous allons remonter le temps.
Avec C’est la fin qui couronne l’oeuvre, le lecteur approche Charlotte Corday, connue par avoir assassiné Marat, tandis qu’un élève de David peint son portrait. La jeune femme explique son acte prémédité au peintre avant de se voir dégager la nuque et emmener à l’échafaud « La charrette m’attend. On me donne un tabouret mais je sais déjà que je resterai debout. Je veux regarder la foule dans les yeux. On ne meurt qu’une fois. C’est la fin qui couronne l’oeuvre. » Ce qu’elle ne saura jamais, c’est qu’Adam Lux, un allemand venu en France en raison de sa foi en la République, va suivre sa charrette et tomber amoureux d’elle, car Elle avait rougi. Pour lui faire honneur il agira selon les souhaits de la défunte; il livre son histoire à sa famille restée à Mayence sous forme de lettre.
Puis viennent les derniers jours de Marie-Antoinette avec La gorge de la Reine, sous la forme d’un journal; Marie-Antoinette a fait le deuil de sa fonction mais certainement pas celui de mère.
Le banquet traite des Girondins où raisonne le chant de la Marseillaise.
On croise aussi Le plus grand esprit français du siècle dernier ainsi que l’histoire familiale des frères Chénier avec Caïn de l’an II, où André écrit à feu son frère pour se déculpabiliser de sa mort.
Puis vient le tour de Danton et de ses concitoyens comme Camille Desmoulins: Tu montreras ma tête au peuple est pour moi la nouvelle charnière du livre; c’est après l’avoir lue que j’ai été définitivement conquise par la plume de l’auteur.
J’ai également apprécié Lantenac à la conciergerie, La promesse de nivôse qui retrace l’histoire des Sanson, bourreaux de père en fils. Mon plus grand fait d’armes rapporte les souvenirs d’un gendarme du nom de Merda qui trouva Robespierre en train d’agoniser…
- Mes impressions: J’aimerais, si j’en avais l’occasion, dire un grand bravo à l’auteur pour son maniement de la langue française. A travers sa verve, il a réussi à m’embarquer à côté de ces hommes et de ces femmes qui ont construit une partie de l’Histoire de France. Bien sûr, les discours et pensées sont largement fictifs mais on se plaît à suivre l’imagination de l’auteur; les mots sont percutants, les métaphores de la guillotine m’ont fortement rappelée celles utilisées par Dickens, et de ce fait je suis conquise. Bien que la violence de cette période soit omniprésente, seule une description de torture -mais qui a eu lieu avant la Révolution- lue au petit matin dans le métro, m’a remuée les tripes. Les nouvelles se lisent d’une traite et on se délecte des mots dont on s’abreuve à chaque page. L’unique critique que j’émettrais, et qui est valable pour tous romans s’inspirant de l’Histoire, est que le réel du fictif n’est pas démêlé en fin de livre, ce qui est dommage!
Un premier roman qui révèle un véritable talent d’écrivain, dont on sent tout le potentiel. Cet auteur est à suivre.
D’autres billets sur le thème de la Révolution Française: Le ciel au-dessus du Louvre, une BD, et Un conte de deux villes de Charles Dickens.
Cette lecture entre dans les challenges Petit Bac 2013 d’Enna (catégorie partie du corps avec TETE), Jacques à dit « je, TU, il » octobre 2013 de Métaphore et Lire sous la contrainte: long titre, de Philippe.
Je ne connaissais pas du tout, mais je suis extrêmement tentée ! Je le note. Merci pour cette découverte.
Moi non plus jusqu’à il y a une semaine lol! Si tu le lis, hâte d’avoir ton avis!
Merci pour ton lien
As tu une idée pour l’indice du mois de novembre? Il n’y a personne sur le coup pour l’instant 😉
en me creusant les méninges, j’ai eu une idée qui devrait plaire à une grande majorité…proposition laissée sur ton blog!
Super merci! Tu comptes lire quel livre pour ce challenge?
Bonne soirée 😉
La grâce des brigands de Véronique Ovaldé et Pietra Viva de Léonor de Récondo: 2 bouquins de la rentrée litteraire et des matchs de priceminister en fait 😉 mais j’en ai pleins d’autres dans ma bibliothèque…
Je prends note! Je n’ai pas osé mettre celui que je dois lire pour les matchs de la rentrée mais je vais le rajouter aussi 😉
Lol moi je n’hésite pas! Quand on peut conjuguer un max de lectures C’est plutôt chouette!
Pas faux 🙂
Une idée intéressante!
Merci pour ta participation à mon challenge et bon weekend.
Bon weekend à toi aussi; par contre, je pense te rajouter au moins un autre titre…à très vite!
Je ne connais pas du tout alors pourquoi pas ? Pour les mêmes raisons que toi, premier roman, jeune auteur, mais j’ai déjà tant de livres à lire…
J’ai fait ma curieuse et j’ai été agréablement surprise…si un jour tu tombes dessus tu te diras que C’est un signe et qu’il faut que tu le prennes 🙂 Une grande peur qui m’habite est de ne pas avoir assez d’une vie pour lire tout ce dont j’ai envie…
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