Haute saison, Adèle BREAU.

Haute Saison, Adèle Bréau, JC Lattès, mai 2021, 320 pages.

Haute saison par Bréau

Ce livre est un mojito littéraire à lui tout seul!

Un homme et deux femmes accompagné.es de leur famille s’offrent une bulle de soleil dans un club de vacances, pâle imitation du club méd’, tandis qu’un autre y travaille. Chaque famille, bien qu’un peu cliché dans la mise en route, n’a rien en commun et par la force du hasard et des rencontres estivales, la proximité aidant, va apprendre à aller au-delà des apparences afin de partager sa vie, ses joies et ses emmerdes à l’instant T.

On a le père célibataire avec ses deux filles qui ne jure que par son travail, la mamie sportive avec ses petits-enfants, le joli couple avec enfant en pleine crise existentielle, et le réceptionniste-employé polyvalent tellement serviable et adorable qu’il en est insupportable. Au gré de leur séjour, les amitiés improbables vont se lier malgré la vie qui se délite pour certains, tandis que d’autres regardent dans leur propre rétroviseur pour avancer différemment. Ajoutez à cela les aventures de leurs ado, le cocktail est fort sympathique. Le sable, le soleil et l’odeur de la crème solaire sont enchanteurs!

C’est donc un roman plein de fraicheur, aux personnages attachants, qui montre que l’empathie et l’écoute de chaque humain, mènent à une belle harmonie. Et nous savons que nous en avons tous besoin au cœur de notre deuxième été covidien ! On souffle, on respire et on sirote les doigts de pied en éventail ce délicieux mojito!

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Aux Livres Exquis, Fanny VANDERMEERSCH

Aux Livres Exquis, Fanny VANDERMEERSCH, Editions Charleston, septembre 2017, 178 pages.

En trois mots: délices, vie, maman.

Petites notes liminaires: j’ai beaucoup tourné autour de ce livre…écrit par une blogueuse que j’ai pris plaisir à suivre lorsque ma vie de lectrice était remplie autrement que par Montessori en long en large et en travers et tout ce qui se rapporte à l’éducation positive, j’ai eu peur d’être déçue et de ne pas savoir en parler en toute objectivité. Et puis…il y a eu ce besoin de lire pour moi quelque chose d’agréable et de fluide. Je me suis donc procuré Aux Livres Exquis… Bref, la fatigue bien installée, les nuits hachées, les questions de maman, les contrariétés et autres responsabilités de la jeune entrepreneur que je suis ont été suspendues, à chaque fois que j’ai ouvert ce livre. Il m’aura fallu 2 mois (gros lol) pour le finir, mais ce livre a été une bouffée d’oxygène, alors merci chère Fanny 😉

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  AUX LIVRES EXQUISRésumé: Chloé est une femme avec de nombreuses qualités, quelques défauts, qui ressent le besoin de retrouver un travail, ne serait-ce qu’un CDD, pour sortir de sa routine de maman et, au fond, tisser du lien social, pour pallier les absences de son mari. Pour décrocher son CDD, elle ment sur sa situation familiale au fondateur d’une petite boutique mi-librairie mi-salon de thé qui répond au doux prénom de David, homme blessé donc agressif et peu bavard. Le co-fondateur -et comptable et frère de David- de cette délicieuse boutique, Tristan, est quant à lui très chaleureux et jovial; grâce à son énergie positive, Chloé va prendre rapidement ses marques. Heureusement d’ailleurs, car une épreuve difficile va lui tomber sur le coin du museau… Le café littéraire regorge d’habitués, de nouvelles têtes qu’aime observer l’attachante équipe d’ Aux Livres Exquis. Par un hasard, dont seul le destin à la maîtrise, un curieux carnet de dessins va être oublié par une cliente qui sera non sans remuer de douloureux souvenirs pour Chloé alors même qu’elle se noie dans sa vie de femme… Vie privée et professionnelle vont se heurter de plein fouet; épreuve de la vie certes, mais dont on ressort toujours plus fort!

Mes ressentis: j’ai été embarquée dans cette histoire et me suis attachée à Chloé. J’ai vibrer avec elle et ai eu mal pour elle au regard des deux épreuves consécutives auxquelles elle a dû faire face. Je crois aussi que ma casquette de maman m’a permis de me rapprocher d’elle plus que je n’aurais pu l’imaginer! Je suis admirative du travail accompli par l’auteur et par ce scénario très bien huilé et d’une limpidité délicieuse. « Aux livres Exquis » est un condensé de la vie de nombreuses femmes d’aujourd’hui avec une part de rêve. C’est un livre qui redonne de l’énergie, qui ne nous fait pas prendre de kilos, et nous fait voyager…Il sent bon le thé, les muffins et les épices, what else?

La baleine thébaïde, Pierre Raufast

La baleine thébaïde, Pierre Raufast, janvier 2017, Alma Editeur, 222 pages, littérature française, roman.

En trois mots:  destin, voyage, événements.

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Quatrième de couverture:

Fraîchement diplômé, Richeville, jeune homme timide et idéaliste embarque au nord de l’Alaska, sur un bateau. Objectif : retrouver la fameuse « baleine 52 », qui chante à une fréquence unique au monde. Mais l’équipage affrété par le sinistre Samaritano Institute a d’autres desseins.
Au menu : l’inquiétant Dr Alvarez, un hacker moscovite, une start-up californienne, une jolie libraire et des cétacés solitaires, mutants ou électroniques qui entraînent Richeville dans un tourbillon d’aventures extraordinaires.

Mon avis: Au regard des critiques dithyrambiques sur Pierre Raufast, il fallait bien que je me jette à l’eau et découvre l’océan d’imagination de cet auteur qui, je l’avoue, est d’un talent inestimable. Si je n’étais pas franchement convaincue au départ par cette histoire de baleine atypique avec son chant à 52 hertz, les premières phrases ont su immédiatement me séduire.

C’est tout d’abord par l’humour que j’ai été conquise; un humour d’une finesse extrême, des jeux de mots, des anecdotes de vie, une façon de tourner les choses parfois crûment histoire de provoquer un peu ou de couper court à d’éventuels enchaînements intellectuels. La symbiose des mots est un délice.

Ensuite, le découpage en plusieurs parties, qui laisse place aux différents protagonistes, permet d’assembler le puzzle des aventures de Richeville et comparses. La parole est prise par ceux qui détiennent un autre point de vue de l’histoire afin d’y apporter leur grain de sel. Cette façon d’assembler l’histoire comme des poupées gigognes est menée d’une main de maître.

C’est donc la vie de Richeville que nous allons suivre, dès son recrutement pour la recherche scientifique d’une baleine atypique, dans les eaux glacées du Grand Nord. Événement charnière pour ce jeune homme qui va influencer sa vie future. Si lui voit les choses à son niveau, le lecteur dispose en revanche du point de vue de l’ensemble des personnages et autres faits permettant de lier les événements entre eux. C’est pour moi une des force de ce roman; arriver à tout connecter et comprendre les desseins de l’effrayant Dr Alvarez.

On se rend compte alors que ce qu’on croit savoir n’est pas la vérité absolue, que le vernis est rarement lisse et que les murs ont des oreilles, partout.

Je suis ravie de cette lecture qui me permet de revenir doucement à ma vie bloguesque, soyez indulgent(e)s, j’ai beau me relire je crains de ne pas avoir toujours été très explicite…

RAT a Week Winter S2

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Cela fait bien longtemps que je n’ai rien publié par ici. La faute aux journées qui ne font que 24 heures ;-). Peut-être que tu ne le sais pas mais je suis une maman comblée depuis 5 mois, un boulot à temps plein, auquel se greffe de nouveaux projets qui expliquent le silence qui tend à s’installer sur ce blog…

Néanmoins, comme j’aime d’amour blogounet, je me lance à corps perdu dans le nouveau marathon de notre GO Marjorie. Copiée mais inégalée (un message subliminal se cache…sauras-tu le deviner? #potindelablogo) je lui reste fidèle même si je ne mets jamais à jour mes marathons et que je suis à la traîne comparée au reste des marathoniens, marathoniennes.

En bref:

  • durée du RAT: du vendredi 3 février à 19h00 au dimanche 5 mars 2017 à minuit -> je tente les 5 semaines.
  • 3 catégories au choix, totalement adaptables -> j’opte pour la catégorie 1 : Toute la bibliothèque sous le plaid.
  • De nombreux défis -> défi nombre de page: je choisis le défi 3 « je ne pourrai lire que moins de 500 pages par semaine, mais je suis dans l’obligation de choisir 3 défis dont celui-ci. » -> défis complémentaires: »Défi 5 : j’opte pour trois couleurs différentes (exemple: les livres que je lirai auront l’un du rose, l’autre du vert, l’autre du bleu…) »: jaune, blanc, noir.« Défi 6 : je me fixe un nombre de livres à lire pendant la semaine »: minimum de 1.

    « Défi 7 : je lis un livre d’un auteur que je n’ai jamais lu »

Pas de PAL pour ce marathon.

MAJ semaine 1:

pour une enfance heureuse

54 pages lues.

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Week-end à 1000 #16 // du 11 au 13 Novembre 2016

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Coup d’envoi du week-end à 1000kg, 1000 litres de tisane, 1000 pages à 19h00!

Nous savons que je n’arrive jamais à boucler mes challenges, mais peu importe 😉 Je suis décidée à dégager de ma PAL la sélection que je dois lire pour le GPDL ELLE.

Je profite que tout le monde dorme chez moi pour enfin m’inscrire, préparer, et publier ce billet. Ça va être sport 🙂

  • Lecture en cours: « Tout n’est pas perdu » – Wendy WALKER: reste à lire 217 pages.
  • « Madeleine Project » de Clara BEAUDOUX: 287 pages
  • « Voici venir les rêveurs » d’Imbolo MBUE: 420 pages
  • « Station Eleven » d’Emily St John MANDEL: 478 pages.
  • TOTAL = 1312 pages.
  • OBJECTIF REALISTE: finir « Tout n’est pas perdu » et lire « Madeleine Project ».

 

POLICE, Hugo Boris

Police, Hugo BORIS, aout 2016, Grasset, 189 pages, littérature française, roman. #MRL16 #PriceMinister

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Dans ce très bon roman, il sera question de:

PAF* OFPRA* Loi* Incendie

Centre de Rétention * Equipe

Ce roman de la rentrée littéraire 2016 dépasse le simple cadre littéraire et s’inscrit au cœur de l’actualité peu réjouissante de la police française, usée par les attentats et leurs conditions de travail. Peut-être est-ce un hommage à cette profession, un avis sur les conditions d’accueil et d’expulsion des réfugiés, je ne sais pas ; en tout cas, j’ai aimé découvrir les descriptions techniques qui m’ont immergée dans ce monde de flic inconnu pour moi, mais qui a mon profond respect.

Le temps d’une mission atypique, il est intéressant -voire indispensable- de monter avec trois gardiens de la paix en voiture pour partager un peu de leur boulot et beaucoup de leur vie. Car oui, derrière l’uniforme se présentent une femme, Virginie et deux hommes, Erik et Aristide.

Ils sont mandatés pour une reconduite à la frontière. C’est la fin de journée et l’incendie qui ravage un centre de rétention mobilise l’ensemble des forces de l’ordre et bouscule les habitudes et rôles de chacun. C’est pourquoi cette mission entrant dans les attributions de la COTEP leur est confiée à titre exceptionnel. Direction CDG, Charles-de-Gaulle, aéroport, pour y déposer un Tadjik, pauvre homme dont la demande d’asile est en-cours de traitement, mais dont la reconduite à la frontière, elle, a été actée.

La fatigue donc, et les soucis quotidiens de ces héros des temps modernes se heurtent à la carrosserie brûlante de la voiture qui les emmène du douzième arrondissement à Charles-de-Gaulle aéroport. Les portraits de ces protagonistes sont de beaux portraits d’homme et de femme, ni blancs, ni noirs. Leur psychologie est finement travaillée.  La famille, l’adultère, le système, les ordres à respecter tout comme la hiérarchie, l’empathie, la souffrance physique et morale, la fatigue, l’usure de la vie, la solitude, le rôle que l’on joue, sont autant de sentiments et d’attitudes qui électrisent le trajet et poussent nos protagonistes à agir et assumer leurs actes d’une manière peu orthodoxe.

Un très bon roman, bien documenté, à l’écriture ciselée, qui redonne une juste place à ceux qui sont devenus invisibles. 

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Lu dans le cadre des matchs de la RL2016

*

Sélectionné par Antigone du blog Les lectures d’Antigone

 

Abraham et fils, Martin WINCKLER

Abraham et fils, Martin WINCKLER, février 2016, P.O.L, 576 pages, littérature française, roman.

En trois mots:  famille monoparentale, aventure, vie.

 

livre-abraham-et-filsQuatrième de couverture: Un jour du printemps 1963, une Dauphine jaune se gare devant le monument aux morts, sur la grand-place de Tilliers, petite ville de la Beauce. Elle transporte Abraham Farkas, médecin rapatrié d’Algérie,  proche de la cinquantaine et son fils Franz, âgé de neuf ans et demi. Abraham n’a qu’une seule préoccupation : son fils. Franz, lui, en a deux : son père et les livres. Leur vie a été brisée un an plus tôt par un « accident » qui a laissé Franz amnésique et dont Abraham ne lui parle jamais. Ils s’installent rue des Crocus, dans la grande maison où Abraham va se remettre à travailler. Ils vont devoir apprendre a vivre avec le reste du monde…

Mon avis:

Ce roman est une invitation au lâcher prise. Pour en saisir les multiples saveurs il faut non seulement prendre son temps et choisir son moment ; sans cela, vous passeriez à côté de ce petit bijou ! C’est une histoire simple, celle d’une vie : l’histoire d’un père, Abraham, et de son fils, Franz. Tous deux ont fui la guerre d’Algérie et posent leurs valises à Tilliers, dans la Beauce, en 1963, afin de repartir de zéro, d’aller au-delà de l’accident-dont-il-ne-faut-pas-parler.

Abraham rachète le cabinet médical du village et inscrit Franz, 10 ans, à l’école. Un trio de voix, au gré des chapitres, raconte tour à tour leur quotidien. Il y a le « je » de Franz, garçon attachant, féru de littérature et myope, puis le « il » pour Abraham, médecin généraliste dévoué à ses patients, et le « narrateur » quelque peu omniscient.

La relation filiale est décortiquée avec soin et la finesse d’approche des deux protagonistes saisit à la fois les tourments qu’un père peut avoir pour son fils et inversement. L’amnésie de Franz, suite au fameux accident qui les a déracinés, sert Abraham qui ne sait comment aborder le passé avec son fils. Pragmatique, la tête sur les épaules, ce sosie de John Wayne regarde devant lui grâce à l’amour qu’il porte à la prunelle de ses yeux et au partage d’un nouveau pan de sa vie avec Claire Délisse, malgré le poids d’une culpabilité qui se dévoile progressivement. Franz est un petit garçon timide, intelligent, observateur et bienveillant. Malmené à l’école par la brute de sa classe, il partage une réelle amitié avec deux copains de classe, et Luciane, sa demi-sœur adoptive, fille de Claire Délisse. Influencé par ses lectures, la curiosité débordante et l’imagination mordante, Franz va s’aventurer dans les recoins de la maison rue du (ou des) Crocus et découvrir un cahier mystérieux…en lien avec certaines consultations atypiques de son père qu’il ne peut s’empêcher d’épier.

À ce stade, l’histoire de ce père, Abraham, et de son fils, Franz, va s’inscrire dans l’Histoire et nous toucher tant dans notre rôle d’adulte voire de parent, que dans l’enfant qui sommeille en nous.

Ce livre surpasse les tragédies d’une vie dans un condensé de douceur. Remarquable.

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Lu dans le cadre du GPLE 2017

*

Jury d’avril, sélection du jury de septembre

I love Dick, Chris Kraus

I love Dick, Chris Kraus, 24 août 2016, Flammarion, 270 pages, littérature anglophone.

Lu en juin 2016 dans le cadre de la sélection FNAC RL 2016.

En trois mots: sexe, obsession, lettres.

Notes liminaires: Une couverture verte attirante suivi d’un avis dithyrambique de The Guardians « C’est le livre le plus important sur les relations homme-femme qui ait été écrit au XXe siècle. Un livre sans détour sur ce que c’est d’être une femme » et de belles références littéraires telles que Les liaisons dangereuses ou Madame Bovary me laissaient sous-entendre que ce livre serait un régal. Il m’aura donc déçue en plus de m’avoir ennuyée.

i love dickMon résumé et avis: I love Dick s’inscrit dans le roman épistolaire dans une relation triangulaire qui n’en est pas une.

Il y a Madame, Chris, et Monsieur, Sylvère, qui forment un couple d’artiste usé par le temps. Seule une complicité intellectuelle indestructible semble les lier. Au cours d’un dîner avec un ami de Monsieur, qui se prénomme Dick, Chris va être séduite par ce dernier. Avec l’appui de son mari, elle part donc en chasse, via un jeu de lettre qu’ils mettent en place. L’attirance qu’elle éprouve pour Dick est réelle mais n’est guère palpitante et vire, selon moi, à l’obsession.

A vouloir assouvir son désir sexuel à tout prix, Chris tourne en rond et le lecteur avec.

Il n’y a là qu’une pâle référence aux ouvrages classiques cités ci-dessus.

Je n’ai pas été séduite, ni par le fond ni par la forme qui aère légèrement l’ennui diffus de ce roman. A moins que je sois passée totalement à côté de cette pépite.

Dommage.

Comment Baptiste est mort

Comment Baptiste est mort, Alain Blottière, 1er avril 2016, Gallimard, collection blanche, 208 pages, littérature française contemporaine.

En trois mots:  Djihad, Allah, Désert.

comment baptiste est mortQuatrième de couverture: Enlevé dans le désert par un groupe de djihadistes avec ses parents et ses frères, Baptiste, après plusieurs semaines de captivité, est le seul à être libéré. Ponctué d’hésitations, de silences, son débriefing laisse apparaître des zones d’ombre, des secrets qu’il tient à garder. Le garçon semble aussi avoir perdu la mémoire d’événements importants. Peu à peu, néanmoins, se révèle l’histoire extraordinaire et cruelle de celui à qui ses ravisseurs ont donné le nom d’un renard du désert : Yumaï.

Mon avis: Le récit se détricote au fur et à mesure que les pages se tournent. Il alterne entre les échanges oraux de Baptiste et d’un psychiatre ou d’un agent de l’anti-terrorisme et un texte narratif, linéaire, qui relate les faits. Progressivement, le jeune adolescent, qui a eu 14 ans lors de sa captivité et qui est devenu un « homme », recouvre la mémoire.

Il y a eu l’enlèvement tout d’abord. Ses deux petits frères, sa mère, son père et lui-même ont donc été kidnappés. La peur, l’humiliation et peut-être même la honte, se sont télescopées. L’image dégradée de son père est à mon sens la source originelle de la suite des événements. Lorsqu’on est enfant, la vision du père s’apparente à « mon père ce héros »; adolescent on surfe sur « mon père ce connard »; mais dans notre cas c’est « mon père ce loser ». Et la souffrance infinie de cela est terrible.

La vie d’otage a du ensuite s’organiser -la faim, la soif, la peur, le froid de la nuit qui s’oppose à la chaleur sèche de la journée- rythmée par les AK-47, les prières et les odeurs des tentes.

Plus tard, Baptiste est devenu Yumaï. Le groupe de djihadistes l’a lobotomisé. Il y a eu les pilules du courage mais aussi la solitude, voire l’abandon, dans la grotte dite des « hommes d’avant ». Hypnotisé par la beauté des paysages et de la voie lactée, Baptiste devient à ses dépens un « homme » au sens des terroristes, pour la plus grande satisfaction d’Amir, le gourou du groupe.

Enfin, Baptiste a été relâché. Les autorités françaises l’ont pris en charge. Mais que s’est-il passé? Il faut reconstituer les bribes de souvenirs enfouies dans l’inconscient pour obtenir le puzzle final, sauf que la folie de l’homme est sans aucune limite.

Un roman coup de poing, alourdit par les silences, où il n’y a ni héros ni réponses. Seule l’adolescence, fragile articulation dans nos histoires personnelles, est décortiquée dans sa perte absolue de repères.

Je remercie Gallimard et la fameuse masse critique de Babelio qui m’ont permis de lire cet ouvrage que je vous recommande.

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Avril enchanté, Elizabeth VON ARMIN

Avril enchanté, Elizabeth Von Armin, décembre 2012, 10/18, 367 pages, littérature anglaise.

En trois mots: Italie, château, soleil.

avril enchantéQuatrième de couverture: Comment résister à une telle offre : « Particulier loue petit château médiéval meublé bord de la Méditerranée ». Un jour de pluie et d’autobus bondés, il n’en faut pas plus aux jeunes Londoniennes, Mrs Wilkins et Mrs. Arbuthnot , pour se lancer seules dans l’aventure et partir, sans presque prévenir leurs époux, un mois en Italie. Au menu : soleil, repos et réflexions.

Avril enchanté est un roman majeur, surprenant par sa liberté de ton, sa légèreté et sa finesse d’esprit.

Mon avis: J’ai lu ce roman au mois d’avril – parce que lire « Avril enchanté » en avril, c’est chic – et je l’ai dégusté comme on se délecte d’un bon thé brûlant accompagné d’un scone, avant de vous proposer mon avis, en mode vieille dame indignée pour notre mois anglais.

Deux londoniennes qui ne se connaissent pas, mais qui fréquentent le même club d’Hampstead décident sur un coup de tête, à la lecture d’une petite annonce dans le journal, de louer « San Salvatore » un magnifique château médiéval perdu au cœur de l’Italie pour le mois d’avril. Il faut bien comprendre qu’une telle décision est vécue comme l’aventure de leur vie: l’envie dépassant la raison, ce caprice, voire cette excentricité, ne peut être dévoilé à leurs maris respectifs. C’est dans un secret quasi absolu, pétri de culpabilité, que les jeunes femmes vident leur bas de laine pour leur voyage. La pieuse Mrs Arbuthnot et la timide Mrs Wilkins, afin d’économiser les dépenses d’intendance au château, amènent avec elles suite à un casting improvisé, la riche veuve Mrs Fisher, vieille dame attachée aux conventions, ainsi que la magnifique lady Caroline. Même si le mot d’ordre est « repos » chacune souhaite profiter seule mais à sa manière de la beauté du paysage et du confort du château afin de faire une pause, le temps d’un petit mois, loin de Londres et de ses mondanités.

Pourtant vouloir tout quitter et faire le vide n’empêche en rien le poids du passé de revenir hanter nos drôles de dames qui vont devoir apprendre à cohabiter les unes avec les autres. Sans compter sur un défilé de visiteurs au château, la chaleur de « San Salvatore » va révéler le meilleur de chacune d’elle.

En lisant « Avril enchanté » on retrouve le charme de l’écriture anglaise, qui égratigne toujours la société d’une merveilleuse manière. Les sens sont mis en éveil, les rayons du soleil nous chauffent la peau, les arbres et les fleurs sentent divinement bon, la mer en contrebas du château nous berce. Perchées dans leur huis-clos, les dames font tomber les masques, les natures profondes sont décortiquées avant de déborder auprès de tous.

Un condensé de chaleur et de bonne humeur, vous dis-je! A déguster!

mois anglais 2016

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