Les New-Yorkaises

Les New-Yorkaises, de Edith Warthon, Flammarion, janvier 2000, 297 pages, Roman, littérature américaine.

Wharton-Edith-Les-New-Yorkaises-Livre-897173611_MLMon résumé:  Dans la famille Manford, je demande la mère Pauline. Puis son mari actuel, Dexter, et leur fille Nona. Mais je demande aussi son ex-mari, Arthur Wyant ou Spécimen A pour les intimes, ainsi que leur fils, Jim. Il convient d’appeler également Lita, la jeune épouse de Jim. Prenez un shaker, mélangez le tout et vous obtiendrez une satire incroyablement drôle sur une famille new-yorkaise représentative du New York flamboyant des années 20.

Ainsi donc les Manford sont une des familles les plus en vogue du tout N-Y. La vie mondaine ne peut compter sans eux, du moins sans Pauline. Alors que son deuxième mari, Dexter, avocat réputé travaille d’arrache pied – et ce qui est très contrariant chez les hommes d’affaires c’est qu’ils ont l’air stressé et ont les traits tirés – Pauline est débordée du matin au soir de rendez-vous tant avec ses prestataires spirituels –des charlatans– qui la régénèrent tels le Mahatma et Alvah Loft – vraiment pour les sommes qu’ils prennent, l’énergie qui l’inonde est transcendantale: un simple effleurement ou babillage de leur part et dites adieu aux frustrations!  Je devrais penser à faire gourou- qu’avec ses prestataires corporels, coiffeurs, kinés, esthéticiennes… mais aussi avec ses diverses implications dans la sphère bourgeoise qu’elle côtoie; en effet, imaginez-vous qu’une dame du rang de Pauline Manford ne puisse pas agir dans des œuvres caritatives et donner des conférences pour les causes qu’elle défend allant de la fête de la maternité au banquet du contrôle des naissances ? –quoique contradictoires, seul l’individu étroit d’esprit ne saura lier ces deux associations –

Vous l’aurez compris, Pauline brasse de l’air, profite de la vie dont elle est le centre, et ne s’occupe que d’elle en chassant toute idée négative la perturbant; c’est comme cela  qu’elle passe à côté de son mari, homme qui ne vit pas dans la superficialité et apprécie les bonheurs vrais comme un dîner en tête à tête,  et le mal être de sa fille Nona qui justement observe les abrutissements de sa mère sans trouver sa place dans la société, ni de repères pour se construire en tant que femme. De plus, Pauline minimise la crise conjugale de Jim et Lita; Jim, le fils que Dexter aurait aimé avoir, est maintenant chargé de famille. Responsable, il travaille dur alors que sa femme Lita le lui reproche implicitement en se tournant vers un producteur réalisateur, le fameux et ignoble Klawhammer.

Oui, mais bon, comment voulez-vous que la busy woman se rende compte réellement de tout cela, elle qui doit jongler avec ses –pseudos– amies vénales d’autant plus que Maisie, sa secrétaire, est obligée de l’abandonner pour s’occuper de sa mère cancéreuse -quel idée saugrenue du cancer de venir polluer la vie de Pauline!- alors que les Manford sont en villégiature à Cedarledge, histoire de resserrer les liens familiaux…

  •  Mes impressions: Ayant quelque peu appréhender cette lecture au regard d’avis négatifs de blogueuses, je n’en ressors que satisfaite. J’ai passé un délicieux moment et ai à de nombreuses reprises souri tant Les New-Yorkaises est drôle! Je me suis moquée de Pauline et de ses réflexions insensées; je retiens notamment ses pensées profondes sur son manque de temps et ses besoins d’aller à la rencontre de ses gourous tous plus chers les uns que les autres! Bien que se disant de la haute, la pauvre Pauline ne maîtrise pas grand chose et se laisse éblouir par de jolis mots sur lesquels elle fantasme; la richesse pécuniaire n’est en rien synonyme de richesse culturelle et intellectuelle. Par ailleurs, à la fois égoïste et égocentrique, Pauline élude toutes difficultés quotidiennes d’un revers de la main et n’est pas fine psychologue. Tout est dans le paraître, la représentation alors que sa famille souffre; Pauline a l’art de minimiser les problèmes et  de maximiser la bêtise humaine pour le plus grand bonheur du lecteur. Ce qui m’interpelle c’est que la Pauline Manford de 1930 est bien une copie conforme de celle de 2013; Edith Warthon a donc su décrire avec brio des caractéristiques humaines immuables ce qui rend ce roman moderne. Cependant l’autre modernité réside dans le divorce de Pauline et d’Arthur, son premier mari; bien qu’aujourd’hui cela est rentré dans les mœurs, il ne faut pas oublier qu’une telle pratique était exceptionnelle au début ddu XXème siècle. En autant cas cette action a cloué au pilori Pauline, bien au contraire! D’où un ménage à trois encore plus rigolo! Le clivage générationnel est prononcé entre Nona et sa mère; se pose alors l’incompréhension dû à l’adolescence certes, mais au-delà de la relation mère-fille, des interrogations plus profondes pour lesquelles les anciens sont incapables de répondre; il me semble que la jeune génération est livrée à  elle-même, en manque de repère mais ne voulant pas reproduire le schéma parental, se cherche soit dans le cinéma et la légèreté comme Lita, soit dans une vie qui se veut plus saine et sincère. Les femmes sont également à l’honneur avec Les New-Yorkaises; toutes différentes, elles balayent les différents caractères féminins et posent la femme dans les sphères familiales, sociales, de loisirs et professionnelles. En fait, écrivant ce billet et ayant un peu de recul sur ce livre, j’apprécie les différents degrés de lecture possible….

Bref, première découverte de l’univers warthonien réussie qui me donne envie de me plonger dans son oeuvre. Si vous aimez l’humour, la satire, la féminité dans un style agréable et d’un abord facile, alors ce livre est fait pour vous.

Première participation au Challenge US de Noctembule et au challenge romancières américaines de Miss G.

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16 réflexions sur “Les New-Yorkaises

  1. ralala toi aussi tu me donnes drolement envie avec ce livre! Je crois qu’Edith Wharton va rentrer dans mon univers et y rester pour un bout de temps!! Merci pour ce super billet

  2. Ping : Les lectures d’octobre | 22h05 rue des Dames

    1. Pourtant l’Age de l’innocence est bien réputé me semble-t-il! Après, il est possible que tu n’aies pas accroché avec ce livre et que tu en apprécieras d’autres…ou pas; nos sensibilités sont différentes, et c’est génial comme ça on peut construire de vrais échanges! Waouh, tu fais un superbe métier! PS: lorsque je lirai le temps de l’innocence je me permettrais de t’envoyer mon lien pour comparer nos avis, si tu es d’accord!

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