Comment Baptiste est mort

Comment Baptiste est mort, Alain Blottière, 1er avril 2016, Gallimard, collection blanche, 208 pages, littérature française contemporaine.

En trois mots:  Djihad, Allah, Désert.

comment baptiste est mortQuatrième de couverture: Enlevé dans le désert par un groupe de djihadistes avec ses parents et ses frères, Baptiste, après plusieurs semaines de captivité, est le seul à être libéré. Ponctué d’hésitations, de silences, son débriefing laisse apparaître des zones d’ombre, des secrets qu’il tient à garder. Le garçon semble aussi avoir perdu la mémoire d’événements importants. Peu à peu, néanmoins, se révèle l’histoire extraordinaire et cruelle de celui à qui ses ravisseurs ont donné le nom d’un renard du désert : Yumaï.

Mon avis: Le récit se détricote au fur et à mesure que les pages se tournent. Il alterne entre les échanges oraux de Baptiste et d’un psychiatre ou d’un agent de l’anti-terrorisme et un texte narratif, linéaire, qui relate les faits. Progressivement, le jeune adolescent, qui a eu 14 ans lors de sa captivité et qui est devenu un « homme », recouvre la mémoire.

Il y a eu l’enlèvement tout d’abord. Ses deux petits frères, sa mère, son père et lui-même ont donc été kidnappés. La peur, l’humiliation et peut-être même la honte, se sont télescopées. L’image dégradée de son père est à mon sens la source originelle de la suite des événements. Lorsqu’on est enfant, la vision du père s’apparente à « mon père ce héros »; adolescent on surfe sur « mon père ce connard »; mais dans notre cas c’est « mon père ce loser ». Et la souffrance infinie de cela est terrible.

La vie d’otage a du ensuite s’organiser -la faim, la soif, la peur, le froid de la nuit qui s’oppose à la chaleur sèche de la journée- rythmée par les AK-47, les prières et les odeurs des tentes.

Plus tard, Baptiste est devenu Yumaï. Le groupe de djihadistes l’a lobotomisé. Il y a eu les pilules du courage mais aussi la solitude, voire l’abandon, dans la grotte dite des « hommes d’avant ». Hypnotisé par la beauté des paysages et de la voie lactée, Baptiste devient à ses dépens un « homme » au sens des terroristes, pour la plus grande satisfaction d’Amir, le gourou du groupe.

Enfin, Baptiste a été relâché. Les autorités françaises l’ont pris en charge. Mais que s’est-il passé? Il faut reconstituer les bribes de souvenirs enfouies dans l’inconscient pour obtenir le puzzle final, sauf que la folie de l’homme est sans aucune limite.

Un roman coup de poing, alourdit par les silences, où il n’y a ni héros ni réponses. Seule l’adolescence, fragile articulation dans nos histoires personnelles, est décortiquée dans sa perte absolue de repères.

Je remercie Gallimard et la fameuse masse critique de Babelio qui m’ont permis de lire cet ouvrage que je vous recommande.

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