La déposition, Pascale ROBERT-DIARD

La déposition, Pascale ROBERT-DIARD, janvier 2016, L’Iconauclaste, 300 pages, littérature française, document.

En trois mots:  famille, secret, tragédie.

COVER LA DEPOSITION

Quatrième de couverture: « Quand Guillaume Agnelet a quitté la barre, j’ai baissé la tête, je tremblais. Sur mon carnet j’ai griffonné mise à mort d’un homme. Deux jours après la déposition du fils, la cour d’assises a déclaré son père, Maurice Agnelet, 76 ans, coupable de l’assassinat de sa maîtresse et l’a condamné à vingt ans de réclusion criminelle. L’affaire avait trouvé son épilogue judiciaire.

Mais une autre histoire était venue la culbuter, tout aussi dense et douloureuse. Elle se passait juste à côté, elle avait duré presque aussi longtemps et on n’en avait rien su, rien deviné. J’avais la scène sans les coulisses. La lumière, sans les ombres. J’ai voulu comprendre. »

Mon avis: L’affaire Maurice Agnelet aurait pu ressembler à une partie de Cluedo, grandeur nature, ou même à une mise en scène tronquée où les Capulet et les Montaigu seraient les Le Roux versus les Agnelet. Tout est parti de la disparition d’Agnès Le Roux, héritière du Palais de la Méditerranée de Nice à l’automne 1977, alors qu’elle avait fait rentrer le loup dans la bergerie, sous influence dit-on, de son amant, le franc-maçon et avocat Maurice Agnelet. Ledit homme, lui-même suspecté, sera condamné pour son assassinat 37 ans après la disparition de la jeune femme, bien que son corps n’ait jamais été retrouvé.

Pourtant, la réalité a dépassé la fiction et il s’agit bel et bien d’êtres de chair et non de papier qui animent ces tragédies familiales retracées par la chroniqueuse judiciaire Pascale Robert-Diard, suite à ces échanges d’avec Guillaume Agnelet, le cadet, alors qu’elle couvrait le dernier procès du père, Maurice Agnelet. On pénètre dans l’intimité de la famille Agnelet, sans voyeurisme, puisque c’est à travers les yeux de Guillaume que la famille se met à nu. Et quelques frissons parcourt le lecteur dès lors que les événements chronologiques lui sont relatés dans l’intimité de cette famille.

Le père, qui se fait appeler Maurice et non « papa », est un homme qui aime le pouvoir, les affaires, l’argent et le sexe; la femme, Anne, mère de ses trois enfants -Jérôme l’aîné fauché par le SIDA dans sa vingtaine, Guillaume, le cadet dont la place dans la fratrie n’a pas été simple, et Thomas, le dernier fils handicapé- ferme les yeux sur les infidélités conjugales de son époux qui a notamment pour maîtresses Françoise et Agnès.

Malheureusement la famille Agnelet vole en éclats lorsque la disparition de la maîtresse est officielle. Il y a la séparation des parents, la perte de Jérôme, les confidences paternelle et maternelle sur Agnès, les accusations et les procès qui s’enchaînent. Pourtant, les Agnelet gardent la tête haute sur le devant de la scène. Guillaume mène de front un véritable combat avec son père et ses avocats, parce qu’il n’y a « pas de corps » Maurice Agnelet ne peut être condamné.

Ce que nul ne sait à ce stade là, c’est le combat que Guillaume se livre avec lui-même pendant près de 30 ans. Un combat invisible, sourd, vicieux du bon vieux secret de famille que tout le monde tait mais qui le tue à petit feu. Pour sauver sa peau, au sens propre comme au figuré, Guillaume, va révéler le secret des Agnelet et faire voler en éclat ce qui restait de sa famille.

Sa déclaration scelle la fin de la longue série de procès. Rideau final sur « l’affaire ». Familles anéanties. A quels prix?

On lit ce livre en pleine conscience de la souffrance d’un fils qui n’a pas été considéré par ses parents comme il aurait du l’être. Prêt à tout par amour pour sa famille, c’est son propre rôle de père qu’il a choisi. Sous la plume de l’auteur, il en deviendrait presque un héros. Un très beau document qui touchera aussi bien les férus de chroniques judiciaires que les lecteurs empathiques.

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Lu dans le cadre du GPLE 2017

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Jury d’avril, sélection du jury de septembre 2016.

4 réflexions sur “La déposition, Pascale ROBERT-DIARD

  1. Je l’ai fini hier. Je l’ai trouvé un peu longuet pour ma part. En tout cas, la journaliste a bien su retransmettre le désarroi du fils et la situation extrêmement tendue au sein de la famille. C’est bien l’atout majeur du livre

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