Les comédiennes de Monsieur Racine, de Anne-Marie Desplat-Duc, Flammarion, 201 pages, littérature jeunesse- Les colombes du Roi Soleil Tome 1.
Nous sommes à la fin de l’année 1689 au coeur de la Maison Royale de Saint Louis, à Saint-Cyr, près du Château de Versailles où vit le Roi Soleil, Louis XIV. Cette Maison Royale a la particularité de recueillir et d’éduquer exclusivement des jeunes filles nobles de 7 à 20 ans, issues de familles soient ruinées pour cause de contribution royale, soient de familles huguenotes qu’il convient de convertir au catholicisme, seule religion permise par le Roi. Mme de Maintenon, entourée d’une équipe pédagogique, s’assure du bon fonctionnement de l’établissement, pour que les « colombes du Roi » s’instruisent et prient afin de devenir de parfaites dames. C’est ainsi que nous faisons connaissance avec 4 adolescentes de la classe des jaunes, couleur qui indique que l’âge des demoiselles est de 15-16 ans, aux caractères bien différents mais complémentaires:




Avec de gauche à droite:
La belle Louise de Maisonblanche aux longs cheveux blonds a une voix magnifique lorsqu’elle chante et émeut tout le monde, surtout le Roi. Orpheline, elle est à St Louis un peu isolée et attire la curiosité des pensionnaires car le Roi lui montre un certain intérêt. Comment se fait-il que le Roi s’intéresse à elle, plutôt qu’à une autre, parmi les 250 filles de St Louis? Le « mystère Louise » sera levé à la fin de ce premier tome.
Isabeau de Marsanne, la brune souriante, est l’âme bienveillante de ce groupe. Très obéissante, sa douceur et son calme lui permettent d’apprendre la langue française aux plus jeunes qui parlent patois, et qui lui rappellent sa bien-aimée petite soeur, Victoire. Elle se destine vers l’enseignement mais, comme toutes les jeunes filles, elle rêve secrètement de connaître l’amour comme ses amies… Je me suis identifiée à Isabeau, ce qui est très rigolo, car plus jeune, j’étais un peu comme elle.
Hortense de Kermenet, la jolie rousse, originaire de Bretagne est sans aucun doute, la plus pieuse et timide du groupe; d’ailleurs on lit souvent « la prude Hortense ». Elle trouve beaucoup de réconfort dans le calme et la prière, et alors qu’elle envisageait de rejoindre les ordres, un évènement tant inattendu que bouleversant pour elle, va peut être modifier ses plans initiaux…
Charlotte de Lestrange, la brune ténébreuse, est la rebelle par excellence. Se sentant prisonnière de l’école, elle fait semblant de se convertir au catholicisme car elle demeure huguenote dans son coeur, et rêve de liberté, de théâtre, de belles robes et de brillants bijoux et surtout de rejoindre son amoureux, François, son cousin, pour l’épouser. Elle a un grand frère qui s’appelle Simon. Par son courage, elle suscite l’admiration de ses camarades – et la mienne par la même occasion- et ambitionne de connaître les joies des fêtes qui se tiennent à Versailles. Je suppose que nous connaîtrons son éventuelle excursion au Château, en cachette des surveillantes de St Louis, dans le tome qui lui sera consacré.
Pour divertir le Roi, le célèbre dramaturge Monsieur Racine a écrit une pièce de théâtre à consonance religieuse sur Esther. Il va y avoir la sélection des comédiennes, puis celles des chanteuses, où bien sûr nous retrouvons nos protagonistes mais aussi Marguerite de Caylus, la nièce de Mme de Maintenon, qui a un rôle dans la pièce. Enfin, les représentations seront données, devant le Roi, le Dauphin, Mme de Maintenon et sa cour. C’est donc l’occasion pour nos jeunes comédiennes d’être en contact avec la société…
Sauf que les jeunes colombes doivent rester pures et en aucun cas être dévergondées par les jeunes et moins jeunes de la Cour de sa majesté; l’équipe pédagogique veille à ce qu’il n’y ait aucun échange entre les comédiennes et les spectateurs…Il n’en demeure pas moins vrai que ce projet de théâtre est extrêmement grisant et que les filles en sont toutes excitées; d’autant plus que Marguerite de Caylus se plaît à leur raconter les histoires de la Cour, qui attisent curiosité et envie!
Mes impressions: Ayant moyennement accrochée avec le premier tome d’Enola Holmes, je pensais avoir: – soit perdu mon âme d’enfant, – soit être passée à côté de quelque chose, – soit que la littérature jeunesse ne s’adressait plus à moi qui avais d’autres envies…Mais que nenni! Un premier billet chez George avait attiré mon attention, et un second billet chez Shelbylee m’ont convaincue de retenter l’expérience Littérature Jeunesse avec Les colombes du roi soleil. Prudente, j’ai même emprunté le livre à la bibliothèque! Mais quel délice, quelle fraîcheur! Il est question de toutes les préoccupations de jeunes filles: de garçons et d’amour, de l’école, d’amitié et des règles que l’on transgresse comme bavarder la nuit avec les copines, de rêves et d’avenir « quand je serai grande je serai… », d’activités extra-scolaire comme ici le théâtre…Et en plus, on est dans une période historique très riche. Le vocabulaire « de l’époque » (page 41: on déjeunait le matin, on dînait vers 11h, on soupait vers 18h et on faisait la médianoche vers minuit après le spectacle) et les notes historiques (je pense aux quarts de noblesse) nous font voyager quelques siècles en arrière; je n’ai pas vérifié les points historiques par manque de temps mais je sais que l’auteur attache une importance à la qualité de ses informations.
Bref, découvert grâce à la blogosphère, la série des « Colombes du Roi Soleil » est une valeur sûre; à mettre entre les mains de toutes les petites filles dès 7 ans. Il s’agit ici de mon deuxième coup de coeur de cette année 2013!
- Pour les aficionados et/ou les aventurières du XVII* siècle, ci-joint des liens pour rêver:
Site internet de Flammarion dédié aux Colombes du Roi Soleil
Site internet de l’auteur, Anne-Marie Desplat-Duc
A titre informatif: le tome 1 est sorti en 2005 et le tome 12, sauf erreur de ma part, est sorti le 6 mars dernier.