Ce qu’il nous faut c’est un mort, Hervé Commère

Ce qu’il nous faut c’est un mort, Hervé Commère, mars 2016, Fleuve noir, 398 pages, littérature française, roman noir.

En trois mots:  village, destinée, lingerie.

CVT_Ce-quil-nous-faut-cest-un-mort_8898Quatrième de couverture: Trois garçons pleins d’avenir roulent à flanc de falaise. C’est la nuit du 12 juillet 1998, celle d’I will survive. Ce que la chanson ne dit pas, c’est à quel prix. Les Ateliers Cybelle emploient la quasi-totalité des femmes de Vrainville, Normandie. Ils sont le poumon économique de la région depuis presque cent ans, l’excellence en matière de sous-vêtements féminins, une légende – et surtout, une famille. Mais le temps du rachat par un fonds d’investissement est venu, effaçant les idéaux de Gaston Lecourt, un bâtisseur aux idées larges et au coeur pur dont la deuxième génération d’héritiers s’apprête à faire un lointain souvenir. La vente de l’usine aura lieu dans l’indifférence générale. Tout le monde s’en fout. Alors ce qu’il faudrait, c’est un mort. De la corniche aux heures funestes de Vrainville, vingt ans se sont écoulés. Le temps d’un pacte, d’un amour, des illusions, ou le temps de fixer les destinées auxquelles personne n’échappe.

Mon avis: L’édifice sur lequel repose ce roman noir est solide, ce qui n’en rend sa construction que plus puissante. L’auteur part de la date phare du 12 juillet 1998, où on a tous hurlé « merci les bleus » « et un, et deux, et trois, zéro ! », pour faire basculer la vie de ses personnages vers leur destinée. Beaucoup de drames se sont déroulés cette nuit-là aux quatre coins de la France, un accident de voiture, une laissée pour morte, un viol, mais aussi de grands bonheurs avec une naissance et une rencontre.

Pourtant, tous ces individus, brisés ou non par la vie, vont se croiser une vingtaine d’années après cette folle nuit du 12 juillet 1998, dans une ville ouvrière de Normandie, Vrainville, réputée pour les Ateliers Cybelle, une usine de lingerie, fondée après la Première Guerre mondiale par Gaston Lecourt, le grand-père d’un des personnages de l’accident de voiture.

Grâce à la machine à remonter le temps, on s’attarde sur la création des Ateliers Cybelle, pour pénétrer de plein pied dans l’âme de cette cité ouvrière, pleine d’humanisme et de solidarité.

Sans ce formidable retour en arrière, dont on se délecte, la saga villageoise et le drame social qui en découle au présent n’auraient pas le même écho. Car après une belle période faste, la mondialisation et les soucis de rentabilité poussent le petit-fils du fondateur à fermer l’usine.

C’était sans compter sur la mobilisation des Vrainvilliers et des ouvrières prêtes à tout pour conserver leurs emplois. Tient, cela a comme un goût de déjà-vu… Dépeignant les maux de la société française d’aujourd’hui, via un constat objectif, l’auteur met en scène ses personnages, tous fouillés, qui selon leurs racines et leurs vécus se battent avec les moyens dont ils disposent, habités par leurs propres démons du passé.

On passe du flic noir à l’ouvrière passionnée en passant par l’héritier grand patron et l’avocat, sans oublier le rondouillard de maire libidineux. Chacun a ses qualités et ses défauts et s’en dépêtre comme il peut dans ce huis-clos vrainvilliers où l’un des leur, vu comme le doux agneau, va mourir. Accident ? Suicide ? Assassinat ? C’est l’explosion de la bombe amorcée vingt ans en arrière qui va accélérer les événements et exacerber les tensions de ce petit village.

Tout secret se sait un jour. Tout a un sens dès lors que la logique des individus est connue. Il faut souvent des tragédies pour les mettre en lumière. Le puzzle s’assemble et finalement les valeurs humaines l’emportent.

Ce roman noir dresse un portrait saisissant de notre société et, par un rythme et une plume unique, gagne à être lu.   

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Lu dans le cadre du GPLE 2017

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Jury d’avril, sélection du jury de septembre 2016.

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La déposition, Pascale ROBERT-DIARD

La déposition, Pascale ROBERT-DIARD, janvier 2016, L’Iconauclaste, 300 pages, littérature française, document.

En trois mots:  famille, secret, tragédie.

COVER LA DEPOSITION

Quatrième de couverture: « Quand Guillaume Agnelet a quitté la barre, j’ai baissé la tête, je tremblais. Sur mon carnet j’ai griffonné mise à mort d’un homme. Deux jours après la déposition du fils, la cour d’assises a déclaré son père, Maurice Agnelet, 76 ans, coupable de l’assassinat de sa maîtresse et l’a condamné à vingt ans de réclusion criminelle. L’affaire avait trouvé son épilogue judiciaire.

Mais une autre histoire était venue la culbuter, tout aussi dense et douloureuse. Elle se passait juste à côté, elle avait duré presque aussi longtemps et on n’en avait rien su, rien deviné. J’avais la scène sans les coulisses. La lumière, sans les ombres. J’ai voulu comprendre. »

Mon avis: L’affaire Maurice Agnelet aurait pu ressembler à une partie de Cluedo, grandeur nature, ou même à une mise en scène tronquée où les Capulet et les Montaigu seraient les Le Roux versus les Agnelet. Tout est parti de la disparition d’Agnès Le Roux, héritière du Palais de la Méditerranée de Nice à l’automne 1977, alors qu’elle avait fait rentrer le loup dans la bergerie, sous influence dit-on, de son amant, le franc-maçon et avocat Maurice Agnelet. Ledit homme, lui-même suspecté, sera condamné pour son assassinat 37 ans après la disparition de la jeune femme, bien que son corps n’ait jamais été retrouvé.

Pourtant, la réalité a dépassé la fiction et il s’agit bel et bien d’êtres de chair et non de papier qui animent ces tragédies familiales retracées par la chroniqueuse judiciaire Pascale Robert-Diard, suite à ces échanges d’avec Guillaume Agnelet, le cadet, alors qu’elle couvrait le dernier procès du père, Maurice Agnelet. On pénètre dans l’intimité de la famille Agnelet, sans voyeurisme, puisque c’est à travers les yeux de Guillaume que la famille se met à nu. Et quelques frissons parcourt le lecteur dès lors que les événements chronologiques lui sont relatés dans l’intimité de cette famille.

Le père, qui se fait appeler Maurice et non « papa », est un homme qui aime le pouvoir, les affaires, l’argent et le sexe; la femme, Anne, mère de ses trois enfants -Jérôme l’aîné fauché par le SIDA dans sa vingtaine, Guillaume, le cadet dont la place dans la fratrie n’a pas été simple, et Thomas, le dernier fils handicapé- ferme les yeux sur les infidélités conjugales de son époux qui a notamment pour maîtresses Françoise et Agnès.

Malheureusement la famille Agnelet vole en éclats lorsque la disparition de la maîtresse est officielle. Il y a la séparation des parents, la perte de Jérôme, les confidences paternelle et maternelle sur Agnès, les accusations et les procès qui s’enchaînent. Pourtant, les Agnelet gardent la tête haute sur le devant de la scène. Guillaume mène de front un véritable combat avec son père et ses avocats, parce qu’il n’y a « pas de corps » Maurice Agnelet ne peut être condamné.

Ce que nul ne sait à ce stade là, c’est le combat que Guillaume se livre avec lui-même pendant près de 30 ans. Un combat invisible, sourd, vicieux du bon vieux secret de famille que tout le monde tait mais qui le tue à petit feu. Pour sauver sa peau, au sens propre comme au figuré, Guillaume, va révéler le secret des Agnelet et faire voler en éclat ce qui restait de sa famille.

Sa déclaration scelle la fin de la longue série de procès. Rideau final sur « l’affaire ». Familles anéanties. A quels prix?

On lit ce livre en pleine conscience de la souffrance d’un fils qui n’a pas été considéré par ses parents comme il aurait du l’être. Prêt à tout par amour pour sa famille, c’est son propre rôle de père qu’il a choisi. Sous la plume de l’auteur, il en deviendrait presque un héros. Un très beau document qui touchera aussi bien les férus de chroniques judiciaires que les lecteurs empathiques.

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Lu dans le cadre du GPLE 2017

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Jury d’avril, sélection du jury de septembre 2016.

I love Dick, Chris Kraus

I love Dick, Chris Kraus, 24 août 2016, Flammarion, 270 pages, littérature anglophone.

Lu en juin 2016 dans le cadre de la sélection FNAC RL 2016.

En trois mots: sexe, obsession, lettres.

Notes liminaires: Une couverture verte attirante suivi d’un avis dithyrambique de The Guardians « C’est le livre le plus important sur les relations homme-femme qui ait été écrit au XXe siècle. Un livre sans détour sur ce que c’est d’être une femme » et de belles références littéraires telles que Les liaisons dangereuses ou Madame Bovary me laissaient sous-entendre que ce livre serait un régal. Il m’aura donc déçue en plus de m’avoir ennuyée.

i love dickMon résumé et avis: I love Dick s’inscrit dans le roman épistolaire dans une relation triangulaire qui n’en est pas une.

Il y a Madame, Chris, et Monsieur, Sylvère, qui forment un couple d’artiste usé par le temps. Seule une complicité intellectuelle indestructible semble les lier. Au cours d’un dîner avec un ami de Monsieur, qui se prénomme Dick, Chris va être séduite par ce dernier. Avec l’appui de son mari, elle part donc en chasse, via un jeu de lettre qu’ils mettent en place. L’attirance qu’elle éprouve pour Dick est réelle mais n’est guère palpitante et vire, selon moi, à l’obsession.

A vouloir assouvir son désir sexuel à tout prix, Chris tourne en rond et le lecteur avec.

Il n’y a là qu’une pâle référence aux ouvrages classiques cités ci-dessus.

Je n’ai pas été séduite, ni par le fond ni par la forme qui aère légèrement l’ennui diffus de ce roman. A moins que je sois passée totalement à côté de cette pépite.

Dommage.

Jeu concours Rentrée Littéraire 2016 avec la FNAC! Les Résultats!

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Malgré la chaleur étouffante, l’été, pour beaucoup d’entre nous, tire sa révérence au profit de la rentrée…rentrée en salle d’accouchement dans pas longtemps pour moi, littéraire pour celles et ceux qui aiment ce moment de l’année! Comme je vous l’avais annoncé, j’ai participé au cru 2016 du prix du roman FNAC en qualité de jury (article par ici).

Cette année, pour la première fois, la FNAC organise un forum au Carreau du Temple à Paris, une sorte de salon du livre spécial RL, du 2 au 4 septembre prochain. Le programme est alléchant : rencontres, dédicaces, ballades littéraires en bus, et annonce du grand finaliste du Roman FNAC 2016.

L’intégralité du programme est accessible sur forumfnaclivres.com.

Comme tout salon qui se respecte, un invité d’honneur est présent, il s’agit de Jonathan Franzen:

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Et pour fêter l’occasion, la FNAC s’associe au blog pour faire gagner à deux d’entre vous son dernier livre « Purity » :

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Pour participer au tirage au sort, rien de plus simple: un gentil commentaire sous cet article en me disant si oui ou non vous irez faire un tour à ce premier rendez-vous parisien (le mode baleine étant activé chez moi, cela se décidera à la dernière minute).

Tirage au sort et résultat le 4 septembre 2016, à la clôture de cet événement! Bonne chance à tous!

PS: en septembre, c’est le retour du mois américain au cas où votre PAL serait en manque de littérature américaine 😉

Le hasard a désigné les deux chanceux suivants (en plus la parité est respectée):

  • Christine PAVIE
  • Dorian BIENAIME

Envoyez moi sous huitaine vos adresses postales, s’il-vous-plait, pour que je vous envoie le livre: leslivresdecamille@gmail.com

Un grand merci à tous pour votre participation et à la FNAC. Belle rentrée littéraire et à bientôt sur le blog.

Resultat tirage au sort FNAC

En douce, Marin LEDUN

CVT_En-douce_9268En douce, Marin LEDUN, 24 août 2016, Ombres Noires, une collection Flammarion littérature noire et policier, 251 pages, littérature française contemporaine.

Lu en juin 2016 dans le cadre de la sélection FNAC RL 2016, épreuves non corrigées.

En trois mots:  accident, bascule, séquestration.

Emilie était une jeune femme dynamique jusqu’au jour sa vie a basculé. D’une vie professionnelle et personnelle épanouie somme toute classique, infirmière, propriétaire de son appartement sur la côte Atlantique, elle descend au niveau zéro de l’ascenseur social, employée dans un chenil isolé, suite au terrible accident dont elle est victime.

Après avoir amorcé sa descente aux enfers, elle s’englue dans une spirale infernale d’une vie insipide qui va être animée par la vengeance. Aussi, elle se met à rechercher le responsable de tous ses maux. Il s’agit d’un homme tout aussi normal qu’elle avant l’accident, que l’on peut même qualifier de banal. Emilie en jouant de sa féminité va réussir à l’attraper dans ses filets pour assouvir son besoin de justice. Mais la paix intérieure se trouve-t-elle dans la vengeance?

Un livre où l’héroïne n’est pas le gentil personnage mais le méchant. Emilie n’est cependant pas une folle finie, juste une femme qui souffre et qui essaie d’extérioriser sa douleur pour se soigner. Elle pourrait être n’importe qui. En cela elle est touchante.

Le retournement de situation de la victime et du « bourreau » est lui aussi intéressant. Des vies normales, bousculées par la fatalité, qui révèlent une transformation des individus. Malheureusement, je n’ai ressenti aucune empathie pour les deux personnages. Si j’ai compris leur sensibilité, ils ne m’ont pas permis de m’identifier à eux pleinement.

Une lecture agréable, mais qui sera vite oubliée.

Et tu n’es pas revenu, Marceline LORIDAN-IVENS

Et tu n’es pas revenu, Marceline LORIDAN-IVENS, Judith PERRIGNON février 2015, Grasset, 107 pages, littérature française contemporaine, témoignage autobiographique.

Notes liminaires: A l’occasion de la sortie en poche de ce livre, le 24 août 2016, je me suis dis que c’était l’occasion de mettre à jour cet article en sommeil depuis bien trop longtemps. Il est délicat de commenter un témoignage d’une telle puissance. Plus d’un an après sa lecture, ce livre me hante et je vois encore les yeux pétillants de ce bout de femme interviewée par François Busnel… La vie est précieuse, ne l’oublions pas.

et tu n'es pas revenu

 Quatrième de couverture: « J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »

Mon avis: Et tu n’es pas revenu est une lettre d’amour, de manque, d’absence, qu’adresse Marceline déportée en même temps que son père, à ce dernier, qui est mort dans les camps de concentration.

Elle aura attendu plus de soixante-dix ans avant de coucher sur le papier ses nœuds qui l’ont empêchée de vivre pleinement et qui l’enserrent encore.

Il y a eu la vie avant, pendant et après. « Avant » c’était une famille unie, aimante. « Pendant » a été l’arrestation de Marceline et de son père jusqu’à l’arrivée à Auschwitz – Birkenau, un « Pitchipoï » de l’enfer. Shloïme qui se traduit par Salomon a été envoyé à Auschwitz tandis que Marceline est partie à Birkenau. Ils étaient à côté, et si loin; elle n’a jamais eu conscience de cette proximité au moment de leur enfermement. « Après » a été la reconstruction de cette jeune femme. Le retour à la société en plein déni. La famille qui n’est plus. Et la peur de grossir. Et le traumatisme dans la profondeur de son âme. Marceline choisira de ne pas être mère.

Les pages se tournent délicatement. Les larmes ont roulé sur mes joues tandis que je lisais ce livre dans le métro. Je me rappelle le regard des gens interloqués. Moi j’étais loin à ce moment là… Pourtant, ce livre n’est pas larmoyant, loin de là. Il y a beaucoup d’émotion qui s’en dégage, ce que nous savons de cette période par ailleurs fait le reste.

Merci chère Marceline de nous conter votre vie, de laisser une trace de ce que vous avez traversé, la mémoire des hommes est si courte… 

Impossible de passer à côté, il faut le lire, par respect et/ou devoir. Un livre qui m’a retourné le ventre. 

L’esprit de l’athéisme, André Comte-Sponville

L’esprit de l’athéisme, Introduction à une spiritualité sans Dieu, André Comte-Sponville, juin 2010, Le livre de poche, 224 pages, littérature française, essai, philosophie.

En trois mots: Réflexion, athéisme, liberté.

esprit de latheismeQuatrième de couverture: Peut-on se passer de religion ? Dieu existe-t-il ? Les athées sont-ils condamnés à vivre sans spiritualité ?
Autant de questions décisives en plein « choc des civilisations » et « retour du religieux ». André Comte-Sponville y répond avec la clarté et l’allégresse d’un grand philosophe mais aussi d’un « honnête homme », loin des ressentiments et des haines cristallisés par certains. Pour lui, la spiritualité est trop fondamentale pour qu’on l’abandonne aux intégristes de tous bords. De même que la laïcité est trop précieuse pour être confisquée par les antireligieux les plus frénétiques. Aussi est-il urgent de retrouver une spiritualité sans Dieu, sans dogmes, sans Église, qui nous prémunisse autant du fanatisme que du nihilisme.
André Comte-Sponville pense que le xxie siècle sera spirituel et laïque ou ne sera pas. Il nous explique comment. Passionnant.

Mon avis: Paru en 2006, il y a 10 ans donc, ce texte, abordable pour tous nuls en philosophie, est criant d’actualité. J’ai ressenti le besoin de me recadrer dans les valeurs de notre beau pays, qui sont profondément miennes, où beaucoup de choses vont à vau-l’eau. Attentats. Intolérance. Montée du FN. Incivilité. Extrémisme en tout genre. Le point commun que j’ai avec l’auteur: avoir été chrétienne dans mon enfance avant de tourner le dos à la religion. Aujourd’hui je suis fière d’être française, libre, athée et d’évoluer dans un pays laïque. Et j’ai des valeurs fondamentales qui m’habitent.

Autour de trois grandes questions – 1. « Peut-on se passer de religion? »; 2. Dieu existe-t-il? »; 3. « Les athées sont-ils condamnés à vivre sans spiritualité? » – l’auteur recentre le débat sur ces thèmes avec rationalité et démonstration. Ils citent également de grands philosophes tels Pascal ou Freud, pour appuyer le déroulé de son raisonnement. Car il y a des points fondamentaux qui surpassent ce qui ne peut être prouvé; ce sont la paix, la fidélité, la vie, l’amour, le présent, la démocratie, la laïcité et la liberté de l’esprit.

Nous sommes déjà dans le Royaume: l’éternité c’est maintenant.

A aucun moment, l’auteur tente de convaincre le lecteur, il expose son point de vue. A chacun d’y prendre ce qu’il veut. Moi je suis conquise par son raisonnement; il a posé des mots sur des ressentis.

Un très bel essai accessible à tous, pour notre liberté.

Marathon d’été, cru 2016

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Le foot est fini, la baby shower approche et l’arrivée de Babychou aussi…

Mais du côté du blog quelques brouillons reste à l’état pathétique de brouillon, tandis que ma bibliothèque déborde de bouquins que vont rejoindre dans moins d’un mois la sélection ELLE 2017 où ma PAL passera au second plan.

Bref, je ne pouvais pas ne pas participer au RAT A WEEK SUMMER EDITION de Marjorie, Chroniques Littéraires.

Je vous invite à lui rendre une visite, car il y a de multiples combinaisons possibles, et pose ici mes objectifs marathoniens:

Durée : du lundi 11 juillet au dimanche 4 septembre 2016, soit 8 semaines.

  • but/défi principal : lire un minimum de 500 pages par semaine.
  • défis annexes: Lire au moins 5 livres | Lire au moins une BD| Lire une histoire qui vous fait penser à l’été|
  • Catégorie Verre en terrasse : je lis mes 500 pages par semaine, et les livres dans l’ordre où ils me viennent!
  • J’associe ce marathon à mon challenge de cette année « Plan ORSEC » que j’ai évoqué ici.

** Suivi marathonien**

  • semaine 2: /500 pages

huitieme reineLa huitième reine, Actes Sud, février 2016: 356 pages. 

Je souhaite le commencer aujourd’hui, lundi 11 juillet!

 

 

 

 

 

  • semaine 3 et 4: 224/500 pages

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Mon article par ici

 

 

 

  • semaine 5: 236/500 pages

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Vous avez été sélectionnée…

Vous avez été sélectionnée pour être membre du jury…en mode double effet kiss-cool!

*Jurée rentrée littéraire du roman FNAC, 15e édition*

C’est la première fois que j’ai posé ma candidature pour ce prix, et hop! admise parmi les 400 adhérents FNAC retenus, une aubaine!

J’ai donc reçu 5 livres de la RL 2016 en avant-première: juste waouh! dont deux se présentent en tant qu’ « épreuves non corrigées ».

Je ne peux pas vous en parler pour le moment, il faudra attendre leurs sorties fin août. Il y a un beau panel: de la vengeance, de l’amour épistolaire, du féminisme, des comédies sociales et des implosions sociétales.

A lire et à chroniquer pour le 4 juillet au plus tard. Autant vous dire que je suis en ce moment même à fond.

*Jurée Grand Prix des Lectrices de Elle 2017, GPLE (pour les intimes)*

J’avais postulé l’année dernière, mais aucune suite n’avait été donnée. J’ai réitéré l’opération cette année, sans grand espoir. Et puis…candidature retenue. Je suis dans le groupe Jury d’avril, au cas où vous aussi apparteniez à ce gang de lectrice!

Je vais donc recevoir 3 livres entre juillet 2016 et mars 2017 puis 7 livres en avril 2017. Le prix 2017 sera décerné en mai-juin 2017. Quelle aventure!

Je me demande encore quels sont leurs critères de sélection et serais bien curieuse d’être mise dans la confidence…

Pour ELLE, j’ai répondu à un questionnaire que je vous pose ici:

Quelles études avez-vous faites ? J’ai fait des études comptables
Exercez-vous une activité professionnelle ? Si oui, laquelle ? Je suis actuellement en recherche d’emploi
Combien de livres lisez-vous en moyenne dans l’année ? Je lis une cinquantaine de livres par an.
Avez-vous déjà été jurée du Prix des Lectrices de ELLE ? Non.
Quels auteurs aimez-vous ? J’aime les auteurs francophones contemporains (Valentine GOBY, Carole MARTINEZ, Paul COLIZE, Patrick MODIANO…) et les auteurs anglo-saxons décédés (Charles DICKENS, Anthony TROLLOPE, Elisabeth GASKELL…)

Quel genre de livres lisez-vous ? Nommez au moins trois exemples pour chaque catégorie.

Fictions/Romans contemporains : 1) La petite barbare d’Astrid MANFREDI, 2) La terre qui penche de Carole MARTINEZ, 3) Amours de Léonor de Recondo

Biographies : 1) Léonard de Vinci de Serge BRAMLY, 2) Catherine de Médicis de Jean-François SOLNON

Policiers/thrillers : 1) La femme sans tête de Viviane MOORE ; 2) Concerto pour quatre mains de Paul COLIZE ; 3) Derrière la Haine de Barbara ABEL

Essais consacrés à des sujets de société : 1) Antispéciste d’Aymeric CARON, 2) Pour une enfance heureuse du Dr Catherine GUEGUEN

Documents autobiographiques : 1) Une vie de Simone VEIL, 2) Moi, Malala de Malala YOUSAFZAI

Il fallait également transmettre la critique d’un livre de notre choix publié dans l’année; j’ai proposé mon avis sur La petite barbare d’Astrid Manfredi, ici.

Voilà, je pense que le programme de blogounet est déjà tout prêt pour la première fois de son existence. De toute façon 2016/2017 sera l’année des premières fois: premières sélections dans des prix littéraires, première fois maman… Comblée je suis!

A toi aussi, je te souhaite de belles choses, de belles aventures réelles et livresques…et si tu as posé ta candidature et que malheureusement tu n’as pas eu de retour, ne t’inquiète pas, continue de postuler et surtout n’attends pas de retour; ce n’est qu’à ce moment-là, quand tu auras oublié jusqu’à avoir envoyé les questionnaires, que les organisateurs viendront toquer chez toi.

Je partagerai toutes les miettes de ces expériences sur le blog avec vous, j’ai hâte!

 

Comment Baptiste est mort

Comment Baptiste est mort, Alain Blottière, 1er avril 2016, Gallimard, collection blanche, 208 pages, littérature française contemporaine.

En trois mots:  Djihad, Allah, Désert.

comment baptiste est mortQuatrième de couverture: Enlevé dans le désert par un groupe de djihadistes avec ses parents et ses frères, Baptiste, après plusieurs semaines de captivité, est le seul à être libéré. Ponctué d’hésitations, de silences, son débriefing laisse apparaître des zones d’ombre, des secrets qu’il tient à garder. Le garçon semble aussi avoir perdu la mémoire d’événements importants. Peu à peu, néanmoins, se révèle l’histoire extraordinaire et cruelle de celui à qui ses ravisseurs ont donné le nom d’un renard du désert : Yumaï.

Mon avis: Le récit se détricote au fur et à mesure que les pages se tournent. Il alterne entre les échanges oraux de Baptiste et d’un psychiatre ou d’un agent de l’anti-terrorisme et un texte narratif, linéaire, qui relate les faits. Progressivement, le jeune adolescent, qui a eu 14 ans lors de sa captivité et qui est devenu un « homme », recouvre la mémoire.

Il y a eu l’enlèvement tout d’abord. Ses deux petits frères, sa mère, son père et lui-même ont donc été kidnappés. La peur, l’humiliation et peut-être même la honte, se sont télescopées. L’image dégradée de son père est à mon sens la source originelle de la suite des événements. Lorsqu’on est enfant, la vision du père s’apparente à « mon père ce héros »; adolescent on surfe sur « mon père ce connard »; mais dans notre cas c’est « mon père ce loser ». Et la souffrance infinie de cela est terrible.

La vie d’otage a du ensuite s’organiser -la faim, la soif, la peur, le froid de la nuit qui s’oppose à la chaleur sèche de la journée- rythmée par les AK-47, les prières et les odeurs des tentes.

Plus tard, Baptiste est devenu Yumaï. Le groupe de djihadistes l’a lobotomisé. Il y a eu les pilules du courage mais aussi la solitude, voire l’abandon, dans la grotte dite des « hommes d’avant ». Hypnotisé par la beauté des paysages et de la voie lactée, Baptiste devient à ses dépens un « homme » au sens des terroristes, pour la plus grande satisfaction d’Amir, le gourou du groupe.

Enfin, Baptiste a été relâché. Les autorités françaises l’ont pris en charge. Mais que s’est-il passé? Il faut reconstituer les bribes de souvenirs enfouies dans l’inconscient pour obtenir le puzzle final, sauf que la folie de l’homme est sans aucune limite.

Un roman coup de poing, alourdit par les silences, où il n’y a ni héros ni réponses. Seule l’adolescence, fragile articulation dans nos histoires personnelles, est décortiquée dans sa perte absolue de repères.

Je remercie Gallimard et la fameuse masse critique de Babelio qui m’ont permis de lire cet ouvrage que je vous recommande.

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